SOMMAIRE
Mon système d'humidification
Mesurer un taux d'humidité
Calculs théoriques
Pourquoi l'air s'obstine à rester sec

Un des paramètre de culture les plus important pour les orchidées est le taux d'humidité. Les besoins sont variables selon les espèces et les saisons, et sont d'autant plus important qu'il fait chaud. Mais de façon générale, moins de 60% n'est pas très bon pour les orchidées. Dans le cas qui me concerne, la culture en appartement, l'humidité de l'air varie selon les conditions extérieures (ensoleillement, air sec) et les conditions intérieures (utilisation du chauffage, quantité de plantes, système d'aération).

Il existe des systèmes d'humidification divers :

Vaporisateurs à ultrasons : vie courte, font du bruit. Vous pouvez en trouver chez les vendeurs de matériel médical.
Humidificateurs à pompe : 24 H d'autonomie, pièces mécaniques en rotation s'usant rapidement
Humidificateur manuel : je le mets au singulier celui là, car c'est vous, ou moi, l'humidificateur manuel. Il s'agit d'asperger ses plantes de temps en temps. L'inconvénient principal de ce système est de ne pas marcher en votre absence.
Brumisateurs à haute pression : très coûteux, réservés aux serres ou alors à des pièces sans ameublement.

Le rôle de tels systèmes est double :

- Augmentation de l'humidité ambiante
- Baisse de la température. En effet, lorsque des gouttes d'eau s'évaporent, elles absorbent de l'énergie, qu'elles prennent à l'air ambiant. Ainsi la température baisse. Cette action est très utile en été dans les serres surchauffées au soleil.

Dans mon premier appartement, de petite taille, la présence de nombreuses plantes et de quelques bacs d'eau munis de petites résistances chauffantes suffisaient à assurer une humidité correcte (généralement 60%). Tout à changé avec mon nouvel appartement (un trois pièces). Malgré la présence de très nombreuses plantes, le taux tombe parfois à 40%, par exemple en cas de journée ensoleillée et sèche en hiver. Le cas de mon appartement est "aggravé" par le chauffage qui est électrique, et par la ventilation centralisée du bâtiment.

Constitution de mon système

J'ai donc été amené à tester un nouveau système d'humidification. Il est constitué de la façon suivante :

- Une bassine d'eau de contenance 20 l
- Un linge le plus absorbant possible, maintenu verticalement dans la bassine par un grillage, afin que le linge trempe en partie dans l'eau
- Un ventilateur, soufflant sur la partie émergée du linge
- Une pompe à eau, servant à mouiller le linge une fois par heure
- Une résistance chauffante, pour maintenir l'eau à température ambiante (certainement peu utile)

J'ai essayé divers tissus absorbants. La peau de chamois est une bonne solution, mais elle a tendance à sécher par endroits de façon irréversible. La meilleure solution que j'ai trouvée est une peau de chamois artificielle vendue sous le nom de "Chamoisine". Elle est très absorbante et ne dessèche pas.

Ce système n'a d'action que sur l'humidité de l'air, en aucun cas il ne provoque de chute de température. En fait, ce sont le linge et la bassine d'eau qui se refroidissent, et non l'air.

J'ai testé progressivement ce système, dans un premier temps sans la pompe à eau et sans la résistance chauffante. Le taux d'humidité augmente de 2% par heure, pour se stabiliser à +10 à +15% par rapport à la valeur initiale (passant de 45 à 55-60%). Tel quel, le système est capable d'évaporer 2 l d'eau en 24 heure, lorsque le temps est sec à l'extérieur.
La quantité d'eau évaporée est passée de 2 à 3 l ou plus (temps humide à l'extérieur) après la mise en service de la pompe à eau, maintenant un taux de 60 à 75 % d'humidité.

Les avantages de ce système me semblent être les suivants :

- Efficacité
- Coût modéré
- Longue durée de vie
- Bonne autonomie
- Peut en plus servir de diffuseur de parfum. Il suffit d'ajouter quelques gouttes d'alcool ou d'eau de javel parfumés. Cela est même conseillé pour éviter les mauvaises odeurs. Cela marche très bien chez moi, sauf le jour où un de mes petit neveu à fait pipi dans la bassine.
- Filtre les poussières de l'air (enfin, vous pouvez toujours tenter de faire croire cela à votre conjoint pour le convaincre d'accepter la présence de cet équipement)
- Si vous ne mettez pas de résistance chauffante, vous aurez une bonne bassine d'eau fraîche à température idéale pour chambrer une bouteille de Bordeaux!

Les inconvénients :

- Le ventilateur fait du bruit
- C'est moche
- Une installation électrique dans une bassine d'eau, c'est dangereux. Soyez très prudents.

Ces tests étant très dépendants des conditions atmosphériques, il me reste encore quelques essais pour mesurer l'efficacité du système. J'attends entre autre une période de quelques jours de temps sec et ensoleillé consécutifs.

Mesurer un taux d'humidité

La réponse parait simple : il suffit d'utiliser un hygromètre! On en trouve maintenant dans toutes les grandes jardineries, et chez les opticiens (avec les baromètres).
Il en existe deux types. Les premiers sont entièrement mécaniques et sont basés sur la contraction d'un fil quand l'air sèche. Souvent très esthétiques, ils n'ont pas d'autres fonctions que la décoration, car ils ne sont ni fiables ni précis et ne cessent de se dérégler. Il y a ensuite les hygromètres électroniques. Il suffit d'en mettre 2 cote à cote pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas très précis (du moins ceux du commerce non professionnel). Mais au moins ils sont robustes et ne passent pas leur temps à se dérégler.

La théorie

Il y a de l'eau dans l'air. Oui, mais combien? Et sous quelle forme?
Tout le monde sait que l'eau bout et s'évapore à 100°C (si on est à la pression atmosphérique; dans une cocotte minute, la pression monte et l'eau ne bout qu'à 120°C). En fait, on devrait dire que l'eau s'évapore complètement à partir de 100°C. Si la température est plus basse, il existe un équilibre entre votre casserole d'eau chaude et l'air de votre cuisine. Une partie de l'eau aura toujours tendance à se retrouver dans l'air, sous forme de vapeur (donc en gaz, pas en liquide). Mais il y a un maximum qui ne peut pas être dépassé. L'air est alors à 100% d'humidité.
Par exemple, à 25°C, l'air contient au maximum 23 grammes d'eau par mètre cube. Si la température baisse à 20°C, le maximum est de 17.3 g/m3. L'eau va donc en partie se condenser sous forme liquide. C'est ce qui se passe quand vous avez de la buée sur les fenêtres, qui sont plus froides que l'intérieur des habitations.

Voici la définition de l'humidité relative : "C'est le rapport de la pression partielle de vapeur par la tension de vapeur saturante de l'eau".
La pression partielle est la pression que l'eau contenue dans l'air aurait si on enlevait toute l'air, en gardant le même volume. La tension de vapeur est la pression partielle maximale possible.

Le tableau suivant donne la tension de vapeur quand l'air est saturée en eau (100% d'humidité), ainsi que la masse d'eau correspondante :

 Température en °C  Tension de vapeur saturante en mbars  Masse d'eau en g à 100% par m3 d'air

 6.10

 4.87

 5

8.72

 6.8

 10

 12.3

 9.4

 15

 17.0

 12.8

 20

 23.4

 17.3

 25

 31.7

 23.0

 30

 42.4

 30.4

40

 73.8

 51.1

Pourquoi l'air s'obstine à rester sec

Je résume les paragraphes précédents : mon système évapore 3 litres d'eau par jour. A 25°C, 1 m3 d'air contient au maximum 23 grammes d'eau. J'évapore donc de quoi saturer :

3 litres = 3 000 grammes; divisés par 23 grammes par m3 ==> 130 m3 d'air saturés par jour

Alors, pourquoi dans une pièces de 25 m3, non ventilée, l'humidité plafonne à 70% avec mon système? Et pourquoi, dans une autre pièce de 62 m3, le résultat est presque équivalent? Qui a bu toute mon eau évaporée? Rendez moi mon eau!

Les chimistes disent que l'eau fuit à l'infini. L'air circule, emmenant avec lui son humidité. L'eau se condense sur les vitres froides. Mais surtout, même si l'air ne circule pas, l'eau qu'elle contient diffuse très rapidement vers les zones plus sèches, de la même façon qu'un parfum.